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Vendre au son du canon?

Publié le 29/01/2016

Dire que l’évolution des marchés actions en ce début d’année 2016 a fortement dégradé la configuration technique des indices boursiers est un doux euphémisme. Tous les observateurs ont pu constater la tendance baissière dans laquelle s’est installée l’Euro Stoxx 50 depuis mi-avril 2015. De manière plus inquiétante, le début du mois de janvier 2016 a marqué la rupture de la grande tendance haussière initiée en juillet 2012, à l’issue du « Whatever it takes » de Mario Draghi. Dès lors, les parallèles avec les précédents Bear Markets de 2000 et 2008 fleurissent et l’on note un net basculement de la psychologie des investisseurs. Alors qu’ils étaient plutôt prompts à utiliser les replis de marché pour renforcer leurs positions en actions les voilà enclins à utiliser le premier rebond pour alléger leurs portefeuilles.

Toutefois, l’actualité récente montre qu’il vaut mieux éviter de vendre sous la pression du moment. Les indices boursiers ont retrouvé de l’allant face à la volonté une nouvelle fois affichée par le président de la BCE d’utiliser tous les moyens à sa disposition pour atteindre son objectif d’inflation de 2%, mis à mal par la chute des prix du pétrole. Depuis le mercredi 20 janvier, la veille des déclarations de Mario Draghi, l’Euro Stoxx 50 a rebondi de plus de 5%. Cette reprise tend à montrer que le déterminisme des grandes instances monétaires, notamment du côté du Vieux Continent, constitue une force de rappel à ne pas négliger. Mais aussi que les niveaux de valorisations des actions européennes ne sont pas excessifs après une année 2015 où la progression des indices a été en ligne avec les progressions de bénéfices.

Favorisées par l’affaiblissement de l’euro face au dollar et par une diminution à la fois du coût de financement et de la facture énergétique, les entreprises européennes, en dehors des secteurs dont l’activité dépend des fluctuations de l’or noir, devraient afficher de bons résultats au titre de l’année 2015 et pourraient même réserver de bonne surprises. Notamment du côté des valeurs dites de croissance, pour lesquelles le consensus attend une progression de 13% des bénéfices à 12 mois. A cela s’ajoute des statistiques encourageantes, comme la progression des indices PMI composite de l’Allemagne et de la zone euro, qui tendent à confirmer que la reprise s’installe en Europe.

Le tout dans un contexte où même s’ils restent élevés par rapport à leur moyenne historique, les niveaux de volatilité implicite sur six mois sont encore bien inférieurs à ceux qu’ils étaient lors des précédents chocs comme les attentats du World Trade Center, l’éclatement du scandale Worldcom, la faillite de Lehman Brothers ou encore la crise des dettes souveraines. Car si les zones d’ombre entourant le réel état de santé de l’économie chinoise et l’orientation des cours des matières premières, et principalement les prix du pétrole, devaient continuer de peser sur la tendance, elles ne justifient peut-être pas pour autant un retour à des multiples de capitalisation à un chiffre, atteints en 2011/2012.

David Kalfon, CFA Achevé de rédiger le 28 janvier 2016