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« Grexit » versus déflation

Publié le 09/07/2015

Au lendemain du « non » franc et massif exprimé, le dimanche 5 juillet, par le peuple grec à l’occasion d’un référendum portant sur les conditions d’octroi du plan d’aide financière proposée par l’ex-Troïka (FMI, BCE, états membres) une question se pose. Faut-il vraiment avoir peur d’un « Grexit » et de ses conséquences sur les marchés financiers? Rien n’est moins sûr. Voilà plusieurs années déjà que les grandes banques centrales des pays développés ont fait de la lutte contre la déflation leur cheval de bataille à coups de mesures exceptionnelles d’assouplissement monétaire quantitatif. Le vaste et non moins historique programme de rachat d’actifs de 1.140 milliards d’euros lancé par la BCE en mars et destiné, entre autres, à renouer avec un objectif d’inflation de 2% dans la zone euro, en est le plus bel exemple. Et pour cause. Alors qu’au fil des statistiques, le chemin de la reprise économique se confirme sur le Vieux Continent, la préservation de la croissance nominale du PIB est plus que jamais une priorité.

Or, face à l’inefficacité des plans d’austérité imposés à la Grèce, trop fragilisée par une économie souterraine estimée à 25% du PIB, un secteur public omniprésent et une trop forte dépendance au secteur du tourisme, les alternatives sont limitées. Parmi ces dernières pourrait figurer l’effacement d’une partie significative des 315 milliards d’euros dus par la Grèce à ses créanciers au premier rang duquel on retrouve les Etats Membres à hauteur de près de 60% au travers à la fois des prêts bilatéraux et du Fonds Européen de Stabilité Financière. Seul hic, un maintien de la Grèce dans la zone euro, qui serait conditionné à un abandon de créance de grande ampleur, provoquerait un choc déflationniste que les autorités monétaires européennes chercheront à tout prix à éviter. Dès lors, le scénario d’un « Grexit » pourrait se profiler mais ne serait pas forcément une mauvaise nouvelle pour les investisseurs et pourrait, au contraire redonner, de l’allant aux marchés financiers sous l’impulsion d’une perspective de reflation.

En attendant, l’incertitude domine et la crise grecque s’est traduite par un regonflement de la prime de risque, lui-même à l’origine du recul des marchés d’actions. Dans ce contexte, l’on pourrait assister, à l’image de la baisse des taux allemands depuis le début du mois de juillet, à un mouvement de « flight to quality » vers la dette souveraine « core » au détriment de pays périphériques. Prochaine date butoir : le sommet européen du week-end prochain à l’occasion duquel une sortie de la Grèce de la zone euro pourrait être annoncée.

Laurent BOUDOIN Achevé de rédiger le 8 juillet 2015