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Faiblesse du dollar : un phénomène temporaire ?

Publié le 30/04/2015

A chaque communication du FOMC, on assiste souvent au même rituel. Tous les observateurs sont à l’affût du moindre mot, de la moindre phrase susceptible de les éclairer sur l’orientation de la politique monétaire de la Fed. Prudente ? Moins prudente ? « Dovish » ou plutôt « Hawkish » ? En l’occurrence, les investisseurs ont dû se contenter d’un communiqué plutôt laconique mercredi 29 avril. Le Comité a estimé « qu'il sera approprié de relever l'objectif pour les taux des fonds fédéraux quand il aura constaté de nouvelles améliorations sur le marché du travail et sera raisonnablement confiant que l'inflation revienne vers son objectif de 2% à moyen terme ». Pour l’heure, une majorité d’économistes n’anticipent pas de rehaussement des taux d’intérêts directeurs américains avant septembre. Et pour cause. A priori, les dernières statistiques publiées ne militent pas vraiment en faveur d’un resserrement monétaire imminent. De janvier à mars, le PIB n’a enregistré qu’une timide augmentation de 0,2% en rythme annualisé à comparer avec 2,2% au quatrième trimestre 2014, au lieu de 1% attendu par le consensus. Toutefois, un ensemble de facteurs exceptionnels biaise la donne. Bien que la hausse du dollar ait eu pour effet de dégarnir les carnets de commandes des sociétés exportatrices, l’économie américaine a également marqué le pas à cause d’éléments non récurrents comme le mouvement de grève survenu dans les ports de la côte Ouest et un hiver particulièrement froid. Le marché de l’emploi ne cesse de s’améliorer. Les demandes d’allocations chômage ont atteint un plus bas de 15 ans en cette fin du mois d’avril et le coût de l’emploi s’est renchéri de 2.6% sur un an glissant. Autant de facteurs qui devraient soutenir la demande des consommateurs et donc l’économie américaine.

Par ailleurs, le climat explosif qui s’est installé au Yémen a provoqué un net rebond des prix du pétrole. Du fait du simple jeu des effets de base, nous devrions donc voir dès l’automne prochain le taux d’inflation « headline » remonter au niveau du taux d’inflation « core » (c’est-à-dire hors énergie et alimentation) qui est resté juste en dessous de 2% aux Etats-Unis. Dans ce contexte, il n’est pas exclu que le plus puissant argentier de la planète ne décide de créer la surprise en resserrant sa politique monétaire de manière plus prématurée que prévu. Car si la Fed n’est pas en retard par rapport à sa feuille de route, elle l’est davantage sur le cycle économique. En effet, après avoir connu au troisième trimestre 2014 son plus fort taux de croissance en rythme annualisé depuis 2003, l’économie américaine semble avoir déjà bien entamé sa phase de redressement. Pourtant, 14 gouverneurs de la Fed sur un total de 17 n’ont jamais connu de hausse des taux et le dernier relèvement remonte déjà à juillet 2006. Et c’est bien là que le bât blesse. A force de se montrer accommodante à grands coups d’abaissement du loyer de l’argent et d’opérations d’assouplissement monétaire quantitatif, la Fed a déjà utilisé une grande partie de ses cartouches et ne dispose que de très peu de marges de manœuvres pour faire face au prochain ralentissement cyclique. Face à ce constat, la FED pourrait donc être amenée à prendre les prévisionnistes à contre-pied en agissant dès l’automne prochain, ce qui pourrait entraîner, au passage, un brusque retour de flamme à Wall Street où les niveaux de valorisation des actions commencent à devenir tendus. Dès lors, le dollar pourrait tirer son épingle du jeu soutenu par la hausse de sa rémunération. Un relèvement des taux ferait, en effet, les affaires du billet vert, qui pourrait faire office de valeur refuge dans ce contexte d’incertitude monétaire.

David KALFON, CFA Achevé de rédiger le 30 avril 2015